RÉSIDENCES
Les empathies matérielles
COLLECTION DES NOUVEAUTÉS
LES EMPATHIES MATÉRIELLES

Il n’y a presque plus aucune couleur. Ou une seule, gris bleuté. Dans la pente, quelques blocs de roche, arrachés puis retombés, émergent dans la croûte de cendres durcies. La voiture est presque entièrement ensevelie, la carcasse figée, unie sous le dépôt pâle qui annule toute variante au paysage. Un vent de silence souffle quelques brandons vivaces, le sol est encore tiède du passage des laves. | Combinaisons orange, ils sont descendus dans la pente intérieure, là où tout fume. Ils mesurent le gaz qui émane des failles entre les roches. | Dans l’entrepôt de la sculptrice de décor, on travaille à une scène tropicale, découpant, sciant, ponçant la mousse expansée verte presque fluo, si bien qu’une poussière radioactive en suspend entoure le tronc d’arbre factice et les silhouettes de grands oiseaux. | Un leurre de pêche comme un poulpe festif, pour attirer les poissons, une touffe de fines bandes de polyester au vert particulièrement frétillant, un crochet triple croche rouge vif, un fil de chlorofluorocarbone à la lumière de l’eau. On pourrait imaginer un déguisement de mardi gras, entièrement fait d’articles de pêche. | Dans la nuit presque tombante, ils ont envahi la rue, venant accueillir le bus de leurs héros. Les bandes de supporters ont alors brandi des fumigènes aux couleurs de l’équipe. Entre les visages sauvages et criants, les flammes vert brûlant font miroiter les parois et les vitres du bus. La fumée fait disparaître tout l’arrière-plan de la scène, rue, bâtiments et ciel, ne reste plus que, soudés par la lumière verte, le bus et les hommes aux bras levés de torches. | Chlore, brillances, valves, réservoir, reflets-vitre, algues synthétiques, petit monde émeraude de l’aquarium. | Tubes de diodes tombant le long des quelques mètres du passage entre les buissons, le feuillage s’éclaire aléatoirement d’un blanc cruel, du bleu rappelant à la nuit, d’un vert surchargeant le végétal. Le chemin du passage devient en quelques pas le sas pour le monde de la fête. | Dans le hall central du dispositif muséal, sous la grande coupole, s’élève, recouverte d’une membrane de feuille d’or pédiculée reflétant le verdâtre et le bleuté de l’éclairage principal, s’élève, donc, la reproduction à échelle d’un module spatial. | Vitrine intérieure de décoration d’un restaurant asiatique. Poteries, natures mortes, bouquets facticiels, mannequin plastique portant une robe traditionnelle, effets d’ombrages et jeux de reflets sur vitrage, lumières tamisées, feutrées, vert pâle. | Concombres ogiveux à la peau veinée de légères boursouflures, délicatement superposés dans la cagette. Espèce exotique, mi-courge, mi-cornichon, au vert neuf vitalique, issue d’un petit potager biodynamique extrême-oriental. | Terrain de jeu en bambous ficelés le long du mur de grosses pierres ; dans l’abri végétal ils se figent ou filent, tête jaune, corps gris, fine queue turquoise, se frôlant de leurs minuscules écailles, guettant le bruissement d’aile d’un insecte, qu’ils iront gober d’un saut fulgurant, acrobatie de milliseconde, avant de reprendre la position immobile, uniquement sensibles aux infimes variations de température. On pourra peut-être deviner, au passage de la mouche gobée dans leur appareil digestif, le gonflement léger de leur petit corps lézard. | Phosphorant dans le fond de l’aquarium, corail, plastoc, rocaille avec des diodes dedans, mini-amphores d’où partent des bulles de tritons, petit théâtre de symbioses synthétiques. | Les mains liées au conduit vertical, bâillonnée de ruban adhésif, elle regarde vers le bas, ce qui doit approcher, rampant. La starlette apeurée implore, presque elle pleure, dans le sous-sol à la lumière de jade des néons et aux ombres trempées. | À l’étroit entre les parois calcaires suintantes, dans le passage souterrain ou gonflent les concrétions, un groupe de jeunes gens avance sur le sol glissant, se repérant dans la cavité en pointant leurs torches au sein de la densité noire. Présence quasi fantôme des enfants dans leurs ponchos plastiques imperméables jaunes, ne laissant paraître qu’un bout de visage dans la capuche, une main s’appuyant dans le boyau karstique, les pieds en tongs assurant chaque pas pour continuer à avancer dans les profondeurs mystérieuses de la montagne. | Tout est bon pour combler la fissure ; on devine les multiples tentatives pour reboucher le vide, d'où nous parvient le vent, l’humide, l’air froid. Des couches de pansements temporaires, de gros bouts de bandes adhésives métallisées, dont les plus anciennes, si sales, disparaissent dans l’ombre. Plus récent, une grosse pâte verdâtre et boursoufflante, comme des kilos de chewing-gums soudés, une planche de mousse expansée, une autre de Placoplatre, une bande de laine de verre fixée aux gros clous. Mais rien n’y fait, les glaciations de la nuit s’infiltrent toujours, encore et encore. | Le passage pour le puits sacré. Niche dans un gouffre côtier, juste au-dessus du bruit des vagues et sous celui du vent et des cris tristes des oiseaux de mer. Un site distant, parfait pour l’ermite. Un fond rocheux couvert de mousse, quelques traces d’eau pour les miracles du sixième siècle, creuse dans les champs païens de rosée. | L’entrée secrète du Puits Précoce. Lourde paroi grossière de pierre à pousser, pour se glisser dans l’ombre, un couloir rituel en descente, on lève la tête, un peu de lumière descend, pas suffisante pour chasser les peurs diffuses dans le labyrinthe inhospitalier. | Mais déjà, attiré par un bruit de chute d’eau, et quelques virages franchis entre les murs de roche, on débouche sur un balcon donnant sur un jardin abandonné. Le soleil a déchiré le brouillard et nous accueille dans une étreinte soudaine. Le regard se fait, et l’on distingue, dans le sous-bois tout proche, une douzaine de touristes menés par un guide aux paroles amplifiées par un porte-voix. | Pierres debout numérotées. Fragments naturels de roche. La pierre au n° 57 écrit à la main sur un ruban de tissu blanc entoure à mi-hauteur du rocher, qui, dresse, mesure environ un mètre de hauteur. Pierre d’ornement, décrite comme violette avec des tonalités blanc laiteux, crème et ocre. Stockée à coté, la pierre n° 42 est presque identique. La n° 53 est plus fine et allongée, elle mesure un mètre quarante. Le fragment n° 52, plus bas et plus modeste, coûte deux fois moins cher. | La colline domine une région de hautes vallées boisées alors sous un beau ciel. Le technicien électrique est monté sur cette butte au-dessus du village. Au point le plus haut, au milieu d’une zone rocailleuse, une clôture rudimentaire faite de quelques piquets, grillages et fils barbelés. La frêle enceinte protège un assemblage de quelques machines électriques. Le technicien a ouvert la trappe d’une sorte de grosse cage couverte de panneaux solaires. Il trifouille à l’intérieur, semble déconnecter et reconnecter de multiples câbles. L’homme se lève et se hisse contre un poteau métallique maintenu coincé entre trois gros cailloux. Sur la pointe des pieds, il parvient à déplacer un peu l’antenne accrochée en haut du mât. Un larsen, puis des grésillements désagréables sortent alors du large cône rouillé du haut-parleur qui pend d’un des piquets de la clôture. Le garçon se baisse pour faire de nouveaux réglages dans le boîtier entrouvert. En un instant les grésillements se transforment en un chant presque limpide. Du sommet de la colline, retentit alors la voix, l’Adhan s’élance par les airs et rejoint le village, les vallées plus bas, toute la géographie de montagne est prise dans l’appel à la prière. | Échafaudages tout autour de la sculpture monumentale, comme une forme animale capturée, prise au lasso, aux flancs abordés d’engins de siège, échelles d’assaut, tours et rampes immobilisant la bête blessée. Sur le chantier de restauration, les travailleurs perchés et sanglés colmatent les fissures, rendent aux volumes leur courbe d’origine. Tout bien enduire avant le travail de peinture, qui redonnera tout son éclat à l’animal abstrait qu’ils pourront alors relâcher. | Sous le regard des sergents instructeurs placés en retrait, les protagonistes du scénario d’entraînement exécutent la série de gestes, d’actions répétées pendant plusieurs mois. Il s’agit de faire démonstration publique des capacités sécuritaires en cas d’urgences biologiques. Le terrain a été vite balisé de cônes orange au sol, la rubalise a été tirée, surlignant dans l’espace du parking les passages à emprunter. Deux silhouettes avancent, lentement mais sûrement. Grosses combinaisons jaune fluo, capuches aux visières démesurées, bottes rose saumon, des gants noirs leur font des mains gonflées. Tout en progressant sur le terrain, les deux personnages vérifient leurs petits appareils de contrôle chimique, d'où sortent des petits bips aux rythmes irréguliers, au départ très lents, puis, plus ils avancent, frénétiques. | Évoluent, sur le terrain neigeux, longeant le grillage qui sépare la forêt d’arbres abîmés et les allées de conteneurs, l’unité de décontamination, trois hommes invisibles dans leurs combinaisons marron, sacs à patates à jambes, avec la petite bulle ronde de la visière. Ils se rapprochent les uns des autres, presque se collent, pour pouvoir se hurler des ordres d’actions. Marquages, échantillonnages et notations. | 09-05-2011. Camp Arifjan, Koweit. Soleil couchant sur le désert. Les deux hommes aux tenues jaune fluo et chaussures rose saumon avancent dans les dunes, valises renforcées en main, ils approchent d’un container avec prudence. | Dans la vieille ferme transformée en zone de production d’abris-dômes monolithiques, un ouvrier est en train de pulvériser, sur la coquille extérieure d’un petit module personnel, une dernière couche du mélange de polystyrène et de béton. Derrière lui, on aperçoit de nombreux autres abris, dont certains dômes beaucoup plus grands. | Sur le toit d’un haut immeuble de Détroit, un homme au style décontracté — chemise sortie du pantalon, casquette un peu de travers — règle un instrument de mesure, le géodimètre, monté sur un trépied solide. Boîte métallique volumineuse, avec un clapet ouvert pour la visée. | Fond de cave, bunker survivaliste, lumière blafarde qui s’allume progressivement sur des réserves entassées contre le mur. Douze gros bidons aux motifs camouflages noirs et verts, des caisses plastiques scellées et empilées, boîtes à outils, nourritures lyophilisées, pelles pliables, plusieurs gros rouleaux de corde, et des armes, plein d’armes, trois fusils de chasse, deux pistolets automatiques posés sur les caisses, un fusil à pompe, des haches, des ceintures de cartouches, des boîtes à munitions, un sabre. | La Casa De Los Tubos. Vieille ruine moderniste jamais finie. Grandes tours rondes en ciment collées les unes aux autres. Sur un promontoire au-dessus de la ville. Plusieurs rumeurs sur cette villa abandonnée, où il est souvent question de mafia et de meurtre, d’enfant de narcotrafiquant en fauteuil roulant tombé de la terrasse. Reste l’étrange bâtiment, en gros tubes verticaux et horizontaux, un abri à visiter quand il pleut. | Terrain militaire, à la surface plane égalisée, entre des collines inhabitées. Une sphère au blindage anthracite ultra-technique, deux mètres de haut, lestée au sol par des filins et des sacs de sable. | Plus bas, la crête du grand rocher de basalte noir se transforme, ou disons, passe d’une masse minérale érodée a une mise en forme par l’homme, en deux tours volcaniques octogonales aux sommets desquelles volent de longs et fins drapeaux noirs. | 11 2:56 pm. Plusieurs cuves de hauteurs différentes alignées côte à côte. Réservoirs verticaux en fibre de verre aux sommets arrondis. | Elle travaille la mousse polystyrène en taille directe. Assise sur le sol de son atelier, elle creuse les dernières ventouses d’un tentacule de six mètres de long. Tout autour, fragments de pieuvres, poussières, copeaux de mousse. | Le clerc a ouvert le sachet de protection, et toutes les personnes présentes autour de la table d’enchères ont retenu leur souffle. Délicatement il soulève le Gant en Paillettes de diamant pour que tous puissent le voir. La relique pop. | Les planchettes de contreplaqué découpées et assemblées reproduisent un relief, une route en pente entre deux murs de soutènement, dont on a commencé de sculpter et peindre les finitions en de petites pierres soudées ; des fils électriques traversent la maquette naissante. | Le plateau qui soutient le paysage en construction est encore percé sur toute la partie centrale, si bien que l’on voit sous la table les entrailles du câblage électrique. Au pied de falaises pour l’instant seulement formées de bandes de tissu collées, les pots d’encres, les pinceaux, sont posés. Des livres entassés sur un bâtiment pour en assurer la fixation pendant le temps de séchage de la colle. Cette vue aérienne, c’est-à-dire prise d’au-dessus à environ un mètre quatre-vingt, est chaotique. On ne sait ce qui est la surface du décor ou l’intérieur, les coulisses de la maquette ; des bouts de ville se terminent tandis qu’une grande partie du paysage n’en est qu’à son prototypage de bois et mousse expansée. | Salle de contrôle des extractions offshore. Au mur, une ligne de trois grands écrans plasma. Sur celui de gauche et celui de droite, des vues splitées de caméras de surveillance, avec les plateformes maritimes en divers plans, larges ou rapprochés. Sur l’écran du milieu, un tableau aux données évolutives. Au centre de la salle, dans la pénombre, sur un demi-cercle de bureaux, sept moniteurs informatiques ou défilent schémas, barèmes, prévisions, statistiques. La salle de contrôle se situe au vingt-deuxième étage du building de Shell à La Nouvelle-Orléans. Liaison permanente, par les câbles sous-marins de fibre optique, avec les caméras, microphones et autres capteurs multiples sur la plateforme pétrolière, située à cent trente miles au sud-ouest, perdue dans un désert de crêtes de vagues. | Dans le grenier, la planification du paysage a bien avancé, les falaises ont été peintes dans le détail ; à leurs pieds, une petite église de la marque Vollmer a été placée. Reste, au centre de la plaine, le trou béant révélant la structure souterraine de la maquette. | Perché sur la colline du Dorset, le château de Corfe est peut-être un des premiers châteaux construits en Angleterre. | Six écrans principaux accolés en deux lignes de trois, quatre formant le plan du réseau, les deux autres alternant des vues de caméras de surveillance. De chaque côté des écrans centraux, deux moniteurs vidéo plus petits surmontés de deux horloges digitales aux chiffres orange clignotant. Dans la salle, quelques hommes contrôlent de nombreux autres écrans, avec des zooms sur le plan de circulation et des centaines de vues de caméras. | Sous les arches du viaduc, maintenu par de petites cales en bois, tout semble encore précaire. On est loin des finitions. Le câblage électrique traverse en tous sens. Les tasseaux sont mal vissés et penchent un peu. La colle n’a pas séché, mais l’ouvrage tient dans une première ébauche. En arrière-plan, à échelle, contre le mur, le décor alpin, les épicéas s’accrochant à la falaise. | Tout au sommet, sous la charpente du grenier, une structure haute de tasseaux soutient le château perché sur la future montagne. | L’un est près de la cuve en lévitation, surveillant l’emplacement d’implantation, l’autre est aux commandes de la petite grue mécanique. La citerne en fibre de verre va en rejoindre deux autres, le long d’un chemin boueux en bordure de forêt. | Il se gratte le front, assis devant une douzaine d’écrans, gestion de flux des chaînes de télévision satellitaires. | Stockage à perte de vue de blocs de granit blanc, entassement pixelisé du paysage, labyrinthe infini des rangées de cubes rocheux ; tout au fond, très loin, quelques bâtiments dans les collines. | Entreposage de coton recyclé, conditionné en ballots blancs compacts ficelés de cordage noir. Piles bouffantes jusqu’au plafond. | Avec sérieux, deux hommes miment une scène médiévale dans leur accoutrement discount. Braies, tuniques, chaperons aux couleurs synthétiques en mauvaises mailles polystyrène. L’un tend le bras comme s’il montrait une direction. L’autre, les mains sur le ceinturon et la dague en plastique, fait mine de regarder dans la direction indiquée. Mais sans doute il n’y a rien à voir, car ses yeux semblent perdus dans le vide. | Ruelle archéologique détrempée par une pluie ininterrompue. Fouilles d’Herculanum. Au bout de la rue figée depuis l’antiquité, quelques touristes sous leurs parapluies. | Zone rurale, quelques petites maisons. Sous la colline creusée, la cuveusine, large tube de béton, chambre de décomposition fermée. Dans les charrettes on y apporte fumier animal, déchets végétaux et déchets humains. | Moules pour cellules de prisons préfabriquées. Pénitenciers modulaires. Trois cellules extrêmement réduites, posées sur des chevrons en bois, sèchent dans le hangar. | Finitions intérieures de la cellule, peinture blanche sur le béton uni d’une pièce, sol, murs, plafond, mobilier. Fenêtre à barreaux encastrés, lits superposés métalliques. | Autre modèle préfabriqué, avant livraison sur chantier. Environnement intérieur complet d’un seul tenant, tôle profilée, pliée, soudée, couchettes, étagère, toilettes combinées. La cellule est entièrement thermolaquée beige pâle, seuls les matelas posés sur les couchettes tranchent, bleu marine. Un hublot miniature donnera sur le couloir. | Vue inversée de la même cellule d’acier. Salle de bains, luminaire encastré, caméra. | Modèle architectural de salle de détention en open space, cloisonnement bas, compartimentation alvéolaire des cellules. | Prison d’un nouveau genre, cabines plus que cellules, sans plafond. Lit, bureau, système de divertissement audiovisuel. | Il s’agit d’une sorte de dortoir quadrillé de parois de deux mètres de haut et trente de large qui séparent les boxes. Des objets personnels des détenus sont posés sur le sommet des cloisons épaisses, à portée de main des détenus de chaque côté de la paroi. Gel douche, serviettes, fruits, magazines. Au croisement en croix de deux cloisons, une maquette de maison est posée en équilibre, visible pour quatre détenus, comme une promesse d’un avenir d’intimité domestique. | Vue de haut des cabines, entièrement visibles, un vaste découpage de l’espace ou chaque vie, délimitée dans ses trois mètres carrés, est à la fois complètement coupée des autres et littéralement soumise à une surveillance aérienne constante, comme une souris de laboratoire dans une cage au plafond transparent. | Ainsi le hall d’emprisonnement est surplombé d’une nacelle au vitrage blindé d'où les matons surveillent, les yeux rivés à la vitre, chaque mouvement des détenus. Diaporama sur la vie d’hommes en cages.

Manuel Reynaud-Guideau
"Les empathies matérielles", in Deux choses,
2021