LARMES/GOUROUS
Lacrimosa
Lacrimosa

nuages dans le sous bois et les feuilles mortes – chlorobenzylidène – flèches de fumée tu me vises avec le flash-ball depuis tout à l’heure la prairie les arbres le reflet de mon miroir dans ta visière à la pelleteuse tu déconstruis je reconstruis et jouent la trompette le clou et le marteau je plante un arbre c’est une installation collective quatre mille grenades – malonitrile – la maison dans l’étang la barque à l’aube c’est une zone de rebellion – une cache d’armes – un puits pour la musique l’hélicoptère le jour la nuit je construis de petits îlots je plante des cabanes en plein ciel les gars mobiles dans le pré debout – chloroacétophénone – c’est un lieu et un combat chaque lieu chaque personne – isoler l’individu de l’esprit de la foule – le bois les fenêtres boire l’eau de pluie l’influence de la lumière – ici à Babylone – tu cherches le temps du bois mort partout ne pas l’enlever – une internationale de la violence – tout en douze volts – dispersion démoralisation – l’intuition de la branche et de la terre-paille les plantes me reconnaissent je vois des visages dans la glaise humide cassez-vous – et personne je dis bien personne ne pourra s’y opposer – on vous demande de ne rien nous demander juste une étincelle et la boue la vapeur blanche vient du sol – ARES L2 – la fumée monte dans les arbres le bruit de pierres qui tombent ça pète c’est le désencerclement – bien décidés euh à garder euh leurs positions – la départementale quatre-vingt-un comment écrire le son de l’hélicoptère doucement doucement courez pas des petits îlots yeux clignent et pleurent il pleut de la fumée dégagez vous êtes foutus deux enfants juste les yeux qui dépassent – il faut refuser l’installation d’une contre-société utopique – scier le bois marcher dans la boue franchir les ruisseaux son silence derrière la visière le regard de ceux qui se taisent qu’est ce qu’on vous a raconté ? transporter une cabane debout dans la fumée des prairies comment écrire le son d’une grenade – une explosion irrésistible de douleur aveuglante et suffocante – la fumée glisse et sort de la terre à ras d’herbe les futaies la boue ce que tu démontes je le remonte – dibenzoxazépine – première sommation dispersion ultimatum à la terre ouverte une maison qui avance dans les bras de plusieurs here is an alternative

Philippe Labaune
extrait de la série Monde diplomatique
7 juin 2018